Au mois de mars 2023, la franchise McDonald’s a ouvert dans l’Etat du Texas son premier restaurant fonctionnant principalement avec des robots.
Aucun caissier, aucune prise de commande « humaine », des burgers et des frites préparés par des robots, les commandes apportées aux clients par tapis roulant…
Cette ouverture s’inscrit dans une tendance plus globale du développement de la robotisation au sein des franchises, notamment de restauration.
La franchise Chipotle Mexican Grill utilise, par exemple, des robots pour la préparation des repas de ses restaurants. La franchise Chick-fil-A a quant à elle a lancé en 2023 la livraison robotisée de ses produits. Et la franchise Golden Corral teste actuellement le service en restaurant par robot.
Ces avancées ne doivent toutefois pas masquer les carences encore importantes de ces machines dans le secteur de la restauration.
Jim Collins, ancien CEO de Kitchen United considère par exemple qu’il resterait encore une dizaine d’années avant que la robotique ne se généralise dans la restauration rapide[1], compte tenu des contraintes auxquelles elle fait pour le moment face, notamment :
- Nécessité d’avoir une grande surface pour installer plusieurs robots.
- Coût de l’investissement.
- Difficulté de prise en compte de demandes spécifiques de clients.
Sans compter les nombreuses autres questions que soulève la robotisation des réseaux, notamment son impact sur la relation-client, l’environnement, etc. : le modèle même de la franchise risque lui aussi d’être chamboulé.
Nous vous proposons ainsi de revenir sur quelques questions que cette évolution est susceptible de poser.
- Qui sera le détenteur du savoir-faire ?
Dès lors que l’accueil client, la passation de commandes, la préparation des plats et boissons, potentiellement la mise en place de campagnes publicitaires, etc. sont réalisés uniquement par des robots, se pose la question du point de savoir si le concepteur des robots utilisés par le réseau ne pourrait pas prétendre être détenteur d’au moins une partie du savoir-faire du franchiseur.
Cette question devra être anticipée par les réseaux.
Notamment par la conclusion de contrats de cession de droits de propriété intellectuelle incluant la cession de l’intégralité de la documentation technique associée. Ce qui pourra représenter un coût pour le franchiseur.
Une telle cession des droits de propriété intellectuelle sera en toute hypothèse indispensable pour que le franchiseur puisse préserver le caractère secret de son savoir-faire et le faire évoluer à l’avenir.
- Une ingénieurisation de la franchise ?
Le franchiseur doit fournir à ses franchisés une assistance continue tout au long du contrat de franchise. Il doit également faire évoluer son savoir-faire en fonction de l’évolution des attentes de la clientèle et du marché, de sorte que son concept demeure attractif.
Or, dès lors qu’une part importante du concept dépend de robots, le franchiseur devra probablement renforcer son équipe par le recrutement d’ingénieurs.
Lesquels pourront être affectés aussi bien à la R&D, pour développer le concept, qu’à la résolution de problématiques techniques complexes affectant les robots en place au sein du réseau, questions qui risquent de devenir majeures à l’avenir.
- Une protection renforcée du savoir-faire ?
Une question récurrente pour le franchiseur est celle de la protection de son savoir-faire. Si ce dernier peut prétendre détenir un droit d’auteur sur son manuel opératoire, le concept n’est pas en lui-même protégeable.
La robotisation de la franchise ouvre néanmoins une nouvelle voie potentielle pour les franchiseurs : la protection du savoir-faire par le brevet.
Pour bénéficier d’une telle protection, les inventions du franchiseur devront toutefois, et notamment, être nouvelles ainsi qu’apporter une solution technique à un problème technique.
[1] https://www.franchisetimes.com/franchise_technology/robots-are-coming-but-restaurant-automation-is-far-from-easy/article_82d20eba-b645-11ee-9b72-8f4919f43464.html